THE PREDATOR
8 ans après le moyen PREDATORS de Nimród Antal, Shane Black (Kiss Kiss Bang Bang, Iron Man 3) est mandaté pour relancer la franchise (il était acteur dans le premier film pour l'anecdote). Ce n'est pas un reboot, mais bien une séquelle qui prend place dans la même continuité que les trois films précédents. Black fait le choix du mélange des genres: THE PREDATOR est tout autant une comédie qu'un film d'action, et globalement le résultat fonctionne étonnement bien. Quelques tentatives d'humour tombent un peu à plat, mais la plupart du temps on rigole franchement, le film ne se prend jamais vraiment au sérieux (beaucoup de dialogues self-aware). Shane Black fait le choix d'essayer de recréer une équipe attachante comme dans le film original et c'est définitivement réussi, les personnages bigger-than-life sont vraiment le gros point fort de l'expérience (l'antagoniste humain incarné par Sterling K. Brown est un pur méchant de comic-book caricatural au possible). Je craignais que le gamin tape sur le système, mais il est bien utilisé dans l'histoire et l'acteur (Jacob Tremblay) est vraiment excellent. Le film est également particulièrement gore et brutal, même si le ton très comic-book atténue pas mal le truc. La musique est de très bonne facture, intégrant organiquement les thèmes originaux au lieu de les copier bêtement comme c'était le cas dans PREDATORS.
Le problème du film: son troisième acte. Une grosse partie du final, filmée une première fois en plein jour, a du être intégralement reshootée de nuit, car Black n'était pas satisfait du résultat. Reshoots manifestement à l'arrache car on sent immédiatement une grosse baisse de qualité, l'action est parfois à peine lisible et c'est vraiment dommage. Le Predator augmenté ne convainc pas non plus: c'est basiquement un Predator sous stéroïdes, c'est à dire la même chose en plus gros mais sans la grâce de l'original. On aurait aimé un design suffisamment différent, car en l'état ça ressemble surtout à de la surenchère forcée pas franchement inspirée. La technologie des Predators est également trop facilement utilisée par les humains, ce qui démystifie inutilement la chose. Une ou deux idées censées venir enrichir la mythologie de la saga le font également au détriment de l'esprit censé régir les Predators dans les films précédents. Et la fin tombe complètement à plat, la faute à une idée tout simplement ridicule.
Au final mon sentiment est vraiment mitigé. THE PREDATOR réussit là où on aurait prévu qu'il se plante (mélanger ainsi les genres est toujours un pari risqué, surtout dans le cadre d'une telle franchise) et se plante là où il avait tout pour réussir. La première partie est vraiment excellente, iconise à mort le Predator via des plans magnifiques, et la deuxième partie est carrément bancale, les reshoots et les modifications de script de dernière minute se faisant clairement sentir. En dernière instance le positif prend malgré tout le pas sur le négatif, car on sent sans l'ombre d'un doute que THE PREDATOR a été écrit et réalisé avec amour, passion, et toute la bonne volonté du monde.