Stage de Ryû. Si vous saviez à quel point j'ai souffert pour traduire cette horreur ! En plus pour l'un des textes les plus faiblards de la série... J'ai du "adapter" pas mal d'éléments par ci par là pour plus de fluidité. J'espère ne pas m'être trop écartée de l'original. Merci à LVD pour la correction et à Noshin pour la relecture.
Genbugahara (Japon)
Les yeux tournés vers le ciel qui perçait les épaisses frondaisons des pins, je cheminais au fond d’un ravin formé par le lit d’un cours d’eau asséché.
J’étais alors dans les abîmes du désespoir, ne me souciant même plus de quand je rentrerai.
J’étais peintre, un métier que j’aimais depuis toujours. Toutefois, La précarité d’une vie où l’on ne sait si on mangera à sa faim avait émoussé mon enthousiasme. Mais c’était surtout ma santé déclinante qui me poussait irrémédiablement au pessimisme.
J’avais décidé que ce voyage serait sans retour. Avais-je encore la fibre artistique ? Avais-je encore envie de vivre ? Le dos rond sous le poids de mes soucis, je commençai à m’enfoncer au coeur des montagnes.
Je marchais depuis déjà 4 heures, quand soudain devant mes yeux s’ouvrit un large panorama, révélant une source à proximité. La désolation qu’inspirait ce paysage échappait à toute description. Un tapis de rochers érodés, des arbres morts. Au loin, la brume enveloppait les montagnes vertes aux sommets couverts de neige. Il y avait dans l’air comme une étrange atmosphère invitant à la solitude et à la méditation.
Distinguant une silhouette humaine, je m’approchai en me frayant un chemin parmi les rochers.
C’était un jeune homme vêtu d’un kimono de combat, qui frappait l’air de séries de coups de poing et de pieds. Pratiquait-il ce qu’on appelle, dans le milieu des sports de combat, le “shadow boxing ?
Il mettait tant de coeur à l’ouvrage qu’il ne leva même pas les yeux vers moi quand j’arrivai à sa hauteur.
Je me tenais assis, à l’observer, quand le jeune homme s’aperçut enfin de ma présence.
“...Qui êtes- vous ?” demanda-t-il.
Son visage serein dégageait une grande droiture, où subsistait encore la candeur de la jeunesse. “Oh, toutes mes excuses, j’étais captivé par votre entraînement ! Je vous ai dérangé, peut-être ?” “Non… C’est juste que c’est plutôt rare de voir quelqu’un s’aventurer par ici.”
Il parlait d’un ton rude, sans pour autant se montrer grossier.
Son naturel, curieusement, me mit à l'aise.
Le jeune homme s’appelait Ryû, et disait se consacrer aux arts martiaux. J’avais l’impression qu’un tel “métier” ne permettait guère de gagner sa vie, mais je ris aussitôt de moi-même quand je m’aperçus que ma situation valait bien la sienne.
“Je reviens ici une fois l’an. C’est là que je m’entraînais quand j’étais enfant. Au château qui est juste là, au pied des montagnes.”
“Au château ?”
Je regardai dans la direction qu’il pointait du doigt, et en effet, il ne mentait pas. C’était un donjon splendide. Je ne suis guère féru d’histoire, mais il m’était difficile de croire qu’un tel lieu ait pu rester ainsi à l’abri des regards, au coeur de ces montagnes.
En dehors de son nom, “la forteresse Suzaku”, le jeune homme ne semblait pas en savoir beaucoup plus. Et ne paraissait guère plus curieux.
“Venir ici me permet d’apaiser mon esprit, quand le doute vient troubler mon poing. Je retrouve ainsi la pureté de ma Voie, vide de toute confusion.”
Le jeune homme contemplait ledit poing, et je devinai son enthousiasme au sourire qui se dessina un bref instant sur son visage.
Et c’est là…. que j’ai fini par comprendre :
J’étais comme ce garçon autrefois. Le jour, je me faisais une joie de passer mes journées à peindre. La nuit, je désespérais de jamais atteindre les sommets de mon art. Il y avait mes amis, mes mentors… Débordant d’un fiévreux enthousiasme, j’enchaînais création et destruction. C’était la vie, la vraie !
“Je vais passer la nuit ici. Ca ira pour vous ? Le soir va bientôt tomber.”
“Ha ! Heu… oui, en effet !… Je vais rentrer ! …Bon courage, Ryû !”
“Vous aussi.”
“?”
“Il est trop tôt pour s’avouer vaincu, pas vrai ?”
Peut-être avais-je mal entendu. Mais à défaut de mes oreilles, ces derniers mots me sont allés droit au coeur.
Le soleil couchant dans mon dos avait couvert la lande d’une teinte écarlate, alors que je reprenais ma route en sens inverse.
Je me retournai : le jeune homme avait repris son entraînement.
Humpf ! Avec vigueur, son poing s’élevait jusqu’au ciel en tourbillonnant.
Devant sa silhouette sur le vermillon du soleil couchant, je ressentis un besoin irrépressible de reprendre le pinceau.
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Yahou Yaoi, youpi yuri.