
"A Séoul, Park Hee-bong tient un petit snack au bord de la rivière Han où il vit avec les siens. Il y a son fils aîné, l'immature Gang-du, sa fille Nam-joo, une championne malchanceuse de tir à l'arc, et Nam-il, son fils cadet éternellement au chômage. Tous idolâtrent la petite Hyun-seo, la fille unique de Gang-du.
Un jour, un monstre géant et inconnu jusqu'à présent, surgit des profondeurs de la rivière. Quand la créature atteint les berges, elle se met à piétiner et attaquer la foule sauvagement, détruisant tout sur son passage."
J'ai lu tout récemment du bien sur ce film au détour d'une page web et il ne m'en n'a pas fallu plus pour nourrir mon lecteur DvD avec un nouveau film de monstre ! Celui-là nous vient de Corée du Sud, et comme j'apprécie beaucoup le cinéma asiatique je me suis vraiment réjoui de le voir.
"Meilleur film de monstre depuis Alien." (dixit Studio) peut-on lire sur la pochette. Un peu exagéré au premier abord certes, mais après visionnage finalement pas tant que ça.

The Host est un savant mélange inédit entre un pur film de monstre, une comédie et un thriller, avec en bonus tous les ingrédients d'une véritable satire politique. Ne serait-ce qu'en cela il vaut le coup d'œil, mais la maîtrise totale du réalisateur de toutes ces différentes facettes élève ce qui aurait pu n'être qu'un OVNI sympathique au rang de très grand film.

L'histoire est celle d'une famille qui va tous faire pour retrouver un de leurs membres "kidnappé" par le monstre. Plus précisément la jeune fille de Gang-du, un gars paumé, voir franchement pathétique, qui n'a rien d'un père modèle. D'une manière générale toute la famille est assez marginale : modestes, fauchés ou alcooliques pour certains, ils n'ont rien des héros classiques que l'on s'attend à trouver dans ce genre de films. Et ce quotidien d'une simple famille de classe moyenne coréenne est retranscrit avec beaucoup de sensibilité et d'intelligence. Tantôt drôles (souvent malgré eux), touchants ou courageux, ils vont tout faire pour essayer de retrouver la petite Hyun-seo. Si le film est parfois très sombre, il alterne avec des passages à la limite de la véritable comédie et l'on se surprend à éclater de rire juste après une scène de massacre incroyablement crue et réaliste.

La satire politique est également sous-jacente à tout le métrage, spécialement dirigée contre l'incitation à la paranoïa des médias au sujet des pandémies, pointant du doigt le décalage existant entre le discours officiel et la réalité, et contre la politique parfois arrogante et interventionniste des USA.
Et le monstre ? Il est fascinant! (Au passage la scène de ses origines fait véritablement froid dans le dos.) Je ne vais pas vous gâcher la surprise concernant son apparence, mais en tous cas il est animé de manière très réaliste et possède vraiment un comportement crédible. C'est une superbe création qui a de quoi vous retourner l'estomac si les animaux marins ont tendance à vous dégouter. Et la réalisation gère parfaitement l'intrusion de cet élément fantastique dans une réalité quotidienne banale, ce qui fait que ses apparitions fonctionnent parfaitement. On y croit immédiatement et c'est une des grandes réussites du film.

Au final The Host c'est du très grand cinéma. De l'émotion, du rire, du suspens, une critique intelligente d'une certaine société : un futur classique qui porte le film de monstre aussi loin qu'à pu le porter Alien en son temps. Et d'ailleurs ici encore, à l'image du film de Ridley Scott, le vrai monstre : c'est l'homme !