Houria Bouteldja a écrit :Aussi douloureux que cela ait pu être ressenti par les écorchés du drapeau et les thuriféraires d’une France éternelle et gauloise, le message est clair : la France ne sera plus jamais comme dans les films de Fernandel. Notre présence sur le sol français africanise, arabise, berbérise, créolise, islamise, noirise la fille aînée de l’Eglise, jadis blanche et immaculée, aussi sûrement que le sac et le ressac des flots polissent et repolissent les blocs de granit aux prétentions d’éternité. Nous transformons la France. Dit autrement, elle s’intègre à nous.
Nous sommes des indigènes de la république. Nous régnons sur un territoire politique que nous avons conquis par effraction. Depuis, nous suscitons haine, violence, crainte ou respect. Mais du paternalisme jamais. Personne n’ouvre le bec pour nous parler d’intégration. Et par intuition, on tourne sept fois sa langue dans sa bouche avant de s’adresser à nous. Oh, il y a toujours une beauferie prête à s’échapper d’une bouche aventurière et pas bien dressée. Mais en notre présence, préjugés et paternalisme se font petits. Quand nous avançons, ils s’éloignent.
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Les Blancs, les Juifs et nous", La Fabrique, 2016, p.112 + 117